formation stop-motion aux Gobelins

En octobre 2022, j’ai eu la chance de pouvoir suivre une formation professionnelle d’un mois sur les fondamentaux de l’animation stop-motion à l’école des Gobelins.

Encadré‧e‧s par de super formatrices, on a appris à fabriquer marionnette et décors, et à animer tout cela avec le logiciel Dragonframe. C’était intense, passionnant, il y avait une super ambiance, et j’ai eu un vrai coup de foudre pour la stop motion. Après, bon, moi qui viens des arts plastiques ET de l’audiovisuel, on peut presque se demander pourquoi j’ai mis tant de temps à atterrir dans ce domaine, tant ça paraît logique…

On a planché ensemble sur un court film collectif qui est visible ici. Et si ça vous intéresse voici ci-dessous un petit journal de ce mois de stop mo’ :

L’entrée en matière

Tout d’abord, comme d’humbles petits poussins tout justes sortis de leur coquille, il a fallu apprendre les bases des bases, tant en animation (les histoires d’élan, d’amorti et tout ça) que spécifiquement les fondamentaux du logiciel de stop motion Dragonframe.

On a donc fait joujou pendant quelques jours avec de la pâte à modeler et des bancs-titres : tout se fait à plat et les photos sont prises du dessus, en plan zénithal. Permet d’avoir des objets qui “volent dans les airs” sans se demander comment les faire tenir “en l’air” pour le moment.

La naissance de Lison

On passe aux choses sérieuses. Le petit film qu’il est prévu qu’on fasse ensemble lors de cette formation n’a pas vraiment de scénario. Il paraît que c’est mieux comme ça : comme on n’a pas énormément de temps devant nous, mieux vaut se donner un cadre général plutôt qu’un scnénario super réfléchi qu’on n’aura pas le temps de tourner dans de bonnes conditions. Le cadre général, ce sera une gare et son train, lieu de croisement qui peut justifier que tous nos personnages très différents se retrouvent.

On se lance donc dans la création d’une marionnette chacun‧e : moi j’imagine un personnage d’ado en fugue, avec toute une histoire, les raisons qui la poussent à prendre ce train… Elle s’appelle Lison et je m’y attache beaucoup trop émotionnellement. Lison est faite d’une structure en fil d’aluminium et milliput, attaches pour pouvoir fixer la marionnette au sol ou sur un bras articulé, corps en mousse, tête modelée et peinte. On découvre qu’il existe 18 milliards de pâtes différentes, celles qui se font cuire, celles qui sèchent à l’air, celles qui restent souples, celles qui deviennent dures comme du béton…

On apprend aussi à coudre de mini-vêtements pour nos mini-marionnettes, du patron aux finitions. C’est tellement minutieux à faire que ça rend un peu zinzin.

C’est fascinant de voir son petit personnage prendre vie jour après jour, mais c’est encore plus fascinant quand on commence à faire des essais d’animation avec. Nos personnages ont toute une routine de gym à faire pour qu’on s’habitue à les animer correctement : sauter, courir, marcher (c’est plus dur que de courir), soulever quelque chose de lourd…

Poubelle et gravier

Nos marionnettes faites, on s’attelle à la fabrication des décors dans lesquels elles vont évoluer. Il a fallu se mettre d’accord sur le style et l’époque de notre décor, et on est parti‧e‧s sur une gare et un train à la “Orient express”. On se répartit en équipes pour fabriquer nos deux plateaux principaux (le quai de la gare et l’intérieur du wagon) et deux plateaux secondaires pour faire les gros plans (un mur de brique comme sur le quai et une banquette du wagon)

Je suis dans la team quai et je fabrique les bidules ci-dessous. En matière de décor de stop motion, il y a une règle simple : ce qui ne doit pas bouger ne doit pas bouger. Tout doit être fixé solidement, on doit pouvoir retourner le décor et le secouer, et que rien ne tombe.

Action !

La dernière étape, c’est celle du tournage. Comme dans n’importe quel tournage, on commence par préparer la scène et régler la lumière et le cadre pendant mille ans. Là non plus, rien ne doit bouger, le moindre trépied est collé au sol à la colle chaude. On travaille à nouveau par petits groupes (d’où l’intérêt d’avoir plusieurs plateaux).

La stop mo, évidemment, c’est un travail de fourmi. Une personne vient imprimer de mini-changements à la marionnette, petit à petit, une autre se charge de prendre les photos et d’avoir un oeil sur le logiciel. Au bout d’un moment, on ne se parle même plus, on est dans une sorte de transe, rythmée par les bips de chaque photo qui vient s’ajouter aux précédentes. J’adore.

Je passe la quasi intégralité de l’une des journées de tournage à travailler seule sur un gros plan de Lison, avec en prime de la synchro labiale. Toute une journée, pour faire ces 13 secondes ci-dessous :

L’une de nos co-stagiaires est aussi musicienne, et a la gentillesse de nous offrir la bande-son de notre petit film. Le dernier jour, on assemble nos scènes, on passe un peu par After effects pour gommer quelques rigs, on bricole un petit générique, et puis voilà, c’est fini, et on va prendre l’apéro pour fêter ça en s’étonnant de la vitesse hallucinante à laquelle est passé ce mois de formation…

Notre film est visible ici !

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