
installation réalisée dans le cadre d’un workshop avec Victoria Klotz. Moquette, mousse, jean, baskets.
L’installation va avec un texte :
Ici interprété par Émilie, merci à elle ♥
Le texte :
Voilà ce qu’il s’est passé : c’était un jour où j’avais envie de disparaître parce que j’avais trop de trucs à faire et j’avais pas envie j’avais juste envie de disparaître et qu’on me laisse tranquille et ne plus rien voir entendre ou sentir et ne plus avoir aucune responsabilité ça m’arrive parfois souvent dans ces cas-là je reste plantée là ou bien en boule je peux rester très longtemps sans bouger avec plein de voix culpabilisatrices dans la tête pour les faire taire je ferme les yeux ça ne marche pas du tout, normal alors je creuse une niche sous la couette mais c’est inutile je les entends et blablabla tu vas pas recommencer tes conneries t’es en retard tu dois faire une lessive et passer à Leroy-Merlin non mais franchement c’est pas comme ça que t’auras ton diplôme et voilà ça n’arrête pas de parler alors j’arrache la moquette et je me glisse dessous je m’enroule dedans je ne respire plus je n’entends plus rien j’ai réussi, j’ai réussi à disparaître voilà j’avais réussi à disparaître et j’étais bien mais c’est à ce moment-là que j’ai senti qu’on me tapait dessus avec quelque chose de très lourd, par-dessus la moquette au niveau de ma tête, il y avait un truc qui me filait de grands coups, alors c’est sûr que j’en avais besoin d’un coup sur la tête mais là c’était vraiment fort j’avais vraiment très mal et je commençais à être un peu sonnée j’avais un drôle de goût dans la bouche il y a eu un coup encore plus fort que tous les autres et j’ai entendu un truc craquer et après je n’ai plus rien entendu et ça fait des heures que je suis là et que je ne respire plus du tout et le pire c’est que je sais exactement ce qu’il va se passer ensuite je vais rester enroulée dans la moquette et on va m’emmener en voiture aux Gorges de Kakuetta dans ce grand trou plein d’eau où des plongeurs étaient restés sept heures une fois et on va me balancer là sans combinaison ni palmes ni bouteille d’oxygène juste moi et ma moquette et je coulerai à pic à cause des cailloux dans mon ventre et cette fois j’aurai vraiment réussi à disparaître pour de bon.